Imaginons un pays comme la France, classé 18ème en matière d’indices du mieux vivre au rang mondial par l’OCDE* et où les repères économiques changent aussi vite que les saisons. Que dans ce beau pays, vit Éloïse, une femme professeur agrégée de français, à l’université qui, après plusieurs déconvenues, a appris à ses dépens que suivre aveuglément des conseils* dispensées gratuitement par un consultant patrimonial* peut être périlleux.
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économique.
Conseil : Avis, indications ou recommandations données dans l’unique intérêts de ses clients et qui engage juridiquement celui qui le dispense contre rémunération avant ses propres intérêts.
Consultant Patrimonial : Gestion de patrimoine dit de 1er niveau, sans formation académique ni diplôme reconnu par l’état. On dit dans le jargon que ce sont des vendeurs d’appartement, car leur action est très limité sur ce qu’il peuvent réellement faire en gestion de patrimoine.
Acte 1 : Le passé qui hante
Forte de sa passion pour la décoration d’intérieur pour laquelle Éloïse a développé au fil de ses dernières années une petite expertise qu’elle veut mettre à profit, il est maintenant venu le temps pour elle de se poser la question, de comment donner du sens à son petit bas de laine qu’elle met de côté tous les mois.
De formation littéraire, femme passionnée et engagée, Éloïse, ne s’intéresse pas aux sujets liés à la finance. Elle y accorde le moins de temps possible, fuyant même les discussions avec son banquier de peur de se faire avoir. Elle préfère donner son temps aux associations qui sont chères à son cœur telles que la Banque Alimentaire et le Lions Club de sa ville.
Lors d’un repas dominical, Huggy, le tonton les bons tuyaux de la famille, parle de ses derniers investissements qu’il qualifie de pépites et pour lesquelles il veut en faire profiter toute sa famille. « Car là, on ne paye pas d’impôt et on s’enrichit avec les locataires qui payent les loyers. Il n’y a pas de risques, c’est sans effort et là c’est enfin du sûr ! »
Le tonton a rencontré le Messie de l’investissement, grâce au BNI* de sa ville. Jéricho, homme autodidacte dans le métier du Conseil en Gestion de Patrimoine (CGP), est un ancien courtier en crédit immobilier qui a dû se reconvertir après la crise du Covid-19 et celle des taux d’intérêts qui ont suivi.
De bonne présentation et très sérieux, il a fait une formation initiale de quelques heures, dispensée en interne grâce à la Buisness School* de son Groupement de consultants collaboratif. Sa formation lui permet d’exercer le métier de Consultant Patrimonial, mais bien évidement dans un certain cadre et une certaine limite avec l’appui de la Société de distribution de solutions patrimoniales spéculatives dont il est mandataire*.
Celle-ci porte notamment pour lui, les responsabilités sur le plan juridique pour qu’il puisse exercer selon les règles déontologiques du métier. C’est le bon plan de la reconversion pour lui en quelque sorte, il n’y a pas d’investissement, il fait ce qu’il aime, à savoir du commerce et tout le reste est sous-traité par son groupement*.
En plus d’être consultant patrimonial, Jéricho est aussi un investisseur privé. Sa force est d’avoir un très bon relationnel, il a le soleil dans la bouche*. Le plus important avec lui est que « tous ses conseils sont gratuits et cerise sur le gâteau, il ne travaille que par recommandation issue de ses anciens clients ».
Mise en confiance et rassurée, par l’introduction émérite de son oncle Huggy, qui au passage est lui-même devenu indicateur d’affaires* pour son BNI, Éloïse est tout de suite séduite par l’enthousiasme et le discours bien rodé sur la création de patrimoine grâce à la défiscalisation proposée par Jéricho.
Forte de tout cela, et ce malgré les alertes de son conseiller bancaire qu’elle pense aigri par le fait de ne pas avoir placer lui-même cet argent, Éloïse décide d’investir, en pleine confiance, une grande partie de ses économies dans des investissements qui, à première vue, semblent infaillibles.
Patatras, le monde et ses paradigmes changent brutalement avec l’arrivée de conflits internationaux et une instabilité structurelle de la gouvernance de notre pays, la France. Sans oublier, le tsunami, avec le changement radical des règles du jeu de l’économie et des finances dictées par les trois premières puissances économiques mondiales.
En un clin d’œil, Éloïse assiste à l’effondrement de son rêve. Prise de panique par l’ampleur des crédits et des engagements qu’elle a contractés, elle décide de rencontrer en urgence le Messie de l’investissement Jéricho.
Loin de la rassurer par ses explications, elle comprend de lui, qu’il y aura un avant et un après et que quoi qu’il arrive, elle aura un capital. Elle l’entend encore proférer « là maintenant, les bons investissements, se font sur de la crypto. C’est dans le Bitcoin qu’il faut les faire et vite pour ne pas rater le Bull Run* ! »
Effrayée par l’asymétrie de la discussion, elle décide, toute groggy par la situation, de mettre fin à ce rendez-vous, ainsi qu’à la collaboration qu’elle pensait sur le long terme. Éloïse a honte et garde derrière elle un sentiment amer de trahison et d’incompréhension.
Comment se sortir de cette impasse financière et surtout très anxiogène où chaque information publiée dans les médias ne font que raviver des plaies encore fraîches ?
BNI : Les membres qui adhèrent à ce réseau de professionnels sont là pour augmenter le chiffre d’affaires de leur entreprise, développer leur carnet d’adresses. Celui-ci fixe des objectifs et défini un plan d'action afin d'amener le Groupe du BNI, et donc ses Membres, vers plus de réussite commerciale.
Business School : Formation dispensé par le Mandant, sous couvert d’un agrément Qualiopi afin de récupérer la plupart du temps les budgets de formation de ses mandataires à l’insu de son plein gré pour faire de l’argent sur le centre de profit.
Mandataire : Personne qui travaille sous la responsabilité d’une autre structure le mandant et dont les libertés d’action sont très limitées.
Groupement : Rassemblement de personne d’une même profession ayant un intérêt économique commun pour lisser les frais, les charges, les coûts et travailler sous des agréments qi nécessite des diplômes spécifiques et un cout certain.
Soleil dans la bouche : Personne qui lorsqu’elle parle entraîne les gens avec lui grâce à son éloquence.
Indicateurs d’affaires : Personne qui met en relation un prospect et un intermédiaire dans un cadre contractuel commercial.
Bull Run : expression propre à la cryptomonnaie, période d’euphorie où les prix grimpent rapidement et offrant des opportunités uniques de gains financiers.
Acte 2 : La quête d’une nouvelle direction
Un matin, en surfant discrètement sur son téléphone dans le tramway, Éloïse tombe sur une annonce, d’un atelier interactif sur Comment appliquer ses propres valeurs dans ses choix financiers au quotidien ? organisé par Marion (Consultante en Relation d’Aide et Management), Caroline (Ingénieur Patrimonial) & Marc-André (Conseil en Organisation et Stratégie).
Intriguée, Éloïse se demande bien comment, elle qui a perdu la mauvaise bataille, cet atelier pourrait lui faire changer d’avis sur le métier de la finance. « Ils sont tous là pour capter de la valeur, ils ne prennent que des raccourcis et ne pensent ni à l’humain, ni à l’héritage qu’ils laisseront demain ».
Au fil des jours, l’idée s’installe en elle. Éloïse réalise que participer à cet atelier interactif est bien plus qu’une simple démarche intellectuelle, elle part en mission. C’est une quête personnelle qui lui permet soit de se reconnecter à ce qui compte vraiment, soit de dénoncer une nouvelle imposture.
Le jour venu, Éloïse entre dans un amphithéâtre baigné de lumière. Autour d’elle, d’autres participants semblent partager ce même besoin de sens. Ensemble, ils écoutent des intervenants passionnés qui racontent leurs parcours, leurs succès et leurs échecs, tout en soulignant l’importance d’avoir une boussole morale dans un monde en constante évolution.
Le témoignage de Caroline en particulier éveille en Éloïse une réflexion « Comment apprendre à investir intelligemment et avec méthode ? Ce n’est pas seulement l’intelligence qui fait la différence, mais votre capacité à contrôler vos propres biais psychologiques. Investir, c’est avant tout vous connaître vous-même ».
Au cours de cet atelier, Éloïse se rend compte que ses propres valeurs peuvent devenir des piliers sur lesquels elle pourra bâtir des projets personnels durables. Le témoignage de Caroline inspire Éloïse à se projeter elle-même dans un futur où l’authenticité et l’éthique seraient au cœur de ses actions et décisions.
Le soir même, en pleine introspection, Éloïse se remémore les propos de Caroline « Vos idées ont besoin d’espace, c’est pour cela qu’avant tout chose, nous devons, ensemble, prendre le temps nécessaire de bâtir une thèse solide relative à vos objectifs. Mais aussi comprendre et analyser votre tolérance aux risques* et ce dans le respect de vos propres valeurs ».
Plus question de mettre un pansement sur une erreur qui est due à la personne qui lui impose la mauvaise stratégie même pour son bien ! Désormais, il y aura une ligne rouge, à savoir ses propres valeurs et hors de question transiger de nouveau sur celles-ci.
Tolérance aux risques : Capacité pour une personne à risquer tout ou partie de son investissement initial. Autrement dit, degré d’acceptation d’un résultat différent de l’objectif visé.
Acte 3 : L’éveil de la confiance en soi
Lors d’un après-midi pluvieux, alors qu’Éloïse consulte un article de Caroline sur le blog de son site web. Elle comprend que la clé pour se sortir de cette situation anxiogène réside sur le fait que « les résultats long terme ne peuvent pas être obtenus en empilant les résultats court terme* » et qu’elle doit avoir de la perspective pour ne plus faire d’erreur.
C’est alors qu’Éloïse décide d’adopter une approche plus active.
D’une part, elle se forme à son rythme aux rudiments de l’économie avec Caroline, ingénieur patrimonial. Elle suit des conférences de qualité avec des avocats et des maisons de gestion par l’intermédiaire de Caroline et échange librement avec d’autres investisseurs qui, comme elle, cherchent à comprendre le nouvel écosystème financier.
Cependant, elle prend grand soin maintenant de ne plus suivre sur Instagram ou YouTube une quelconque communauté d’investisseurs éclairés voire illuminés, qui sont basés on ne sait où et dont les conseils n’engagent que ceux qui les écoutent.
Cette démarche lui permet de développer un regard critique et de ne plus se laisser séduire par des beaux parleurs. Elle bâtit ainsi son propre référentiel, pour être en mesure de traverser au mieux les futures tempêtes du marché.
D’autre part, Éloïse décide de faire parler la justice par le biais de son avocat sur ce qui lui arrive et lance un certain nombre de procédures judiciaires à l’encontre de ses acteurs qui ont été pour elle négligents. Défaut de conseil*, défaut de recommandation, défaut de mise en garde, préjudice subit, etc ./.
Citation : Peter Drucker.
Défaut de conseil : Est un levier de recours pour obtenir réparation car le Code civil impose une obligation d'information, de transparence, de loyauté et de bonne foi dans la conclusion des contrats.
Acte 4 : Un nouveau partenariat basé sur la confiance
Finalement, le temps faisant son œuvre et les multiples échanges avec Caroline, rencontrée quelques mois plutôt, ont permis à Éloïse de valider qu’un conseil indépendant dont la philosophie se voulait résolument centrée sur l’humain et l’adaptation aux contextes changeants pouvait exister.
Caroline ne promet pas de miracle en quelques mois, mais elle offre un accompagnement transparent et évolutif, basé sur une évaluation régulière des risques et des opportunités.
C’est bien ensemble qu’elles mettent en place une stratégie ancrée dans la réalité du marché d’aujourd’hui. Tout cela est ajusté au gré des évolutions économiques et est fonction de l’ensemble des besoins et critères d’Éloïse.
Avec Caroline à ses côtés, Éloïse retrouve la confiance en l’avenir. Elle comprend que dans un monde où les repères historiques se délitent, il est essentiel de s’entourer de partenaires qui mettent l’humain et la transparence au cœur de leur démarche. Plutôt que de céder aux sirènes des modes passagères, elle choisit de bâtir une vision solide, basée sur une connaissance approfondie et une gestion proactive de ses investissements.
Épilogue : La leçon à retenir
L’histoire d’Éloïse nous rappelle qu’il est possible de se réinventer et de retrouver confiance, même après des échecs douloureux. Dans un univers financier incertain, le plus important est de rester maître de son destin en posant les bonnes questions, en se formant continuellement et en choisissant des conseils qui respectent la singularité de nos besoins. Car en fin de compte, la véritable sécurité réside dans la capacité de se projeter soi-même, avec lucidité et confiance, vers un avenir où l’on ne dépend pas d’une mode passagère, mais d’une stratégie réfléchie et résiliente.